Dans les années 90, Deep Blue, le super ordinateur d’IBM, battait Garry Kasparov aux échecs. Aujourd’hui, Watson, dernière invention en date du géant informatique, peut battre n’importe quel participant à un jeu télévisé, en comprenant les questions et en utilisant le langage naturel pour répondre, puisant dans une énorme base de données.
La connectivité, les machines intelligentes et les nouveaux médias façonnent le monde dans lequel nous vivons, ainsi que notre manière d’appréhender le travail. Les compétences dont les entreprises ont besoin se transforment radicalement, modifiant ainsi le paysage de l’emploi.
Dans ce livre blanc, nous n’abordons pas les emplois d’avenir, mais nous nous concentrons sur les compétences et les aptitudes essentielles chez les acteurs du marché de l’emploi de demain.
Quelles sont les nouvelles compétences requises dans les entreprises et comment les acquérir avant d’entrer dans la vie active ?
Nouvelles compétences et nouveaux besoins
Pour connaître les nouvelles compétences dont les entreprises ont besoin, il convient d’identifier les transformations de fond qui modifient le cadre concurrentiel de celles-ci:
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L'omniprésence du numérique dans les processus de conception et de fabrication des biens et des services, ainsi que dans les modes d’organisation des entreprises et des marchés;
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L’accroissement de la concurrence internationale sous l’effet de l’harmonisation des réglementations internationales et des évolutions des stratégies de l’ensemble des entreprises
Ces mutations du cadre concurrentiel signifient, pour les entreprises, des critères de compétitivité profondément renouvelés. Pour les entreprises, l’enjeu est de satisfaire une demande plus complexe et plus versatile, tout en maintenant au plus bas les coûts de conception, de fabrication et de distribution.
Autant de défis qui nécessitent de construire une nouvelle approche dans la gestion des emplois avec, au centre des attentions, la notion de compétence.
Les compétences clés à développer en priorité
Selon le rapport du Forum Économique Mondial *, 42% des compétences de base requises pour exercer un travail changeront au cours des prochaines années. Parmi les compétences qui gagnent du terrain, la pensée analytique, l’apprentissage actif et les compétences technologiques. La maîtrise des nouvelles technologies ne représente qu’une fraction des compétences nécessaires en 2022, l'autre partie s'intéressant davantage à des soft skills comme la créativité, l’originalité et l’initiative, la pensée critique, la persuasion et le leadership. Autant de compétences dont la valeur va augmenter, au même titre que l'intelligence émotionnelle et l'initiative.
*The Future of Jobs 2018
Les entreprises savent que leur avenir est entre les mains d’une main-d’œuvre agile, motivée, capable de se perfectionner et de se recycler en permanence. Le rapport du Forum Économique Mondial révèle que, parmi les employés occupant actuellement un poste jugé « à risque » en raison des évolutions technologiques, donc sujet à la disruption, 30 % seulement ont suivi une formation professionnelle en 2018. Toutefois, les employeurs ont déclaré que 54 % de tous leurs employés auraient besoin d’une requalification et d’une mise à niveau des compétences significatives d’ici 2022, la plupart d’entre eux estimant la durée de la formation à six mois environ.
Dans le détail, voici les éléments liés aux compétences clés à développer en priorité :
- La pensée analytique et l’innovation, qui consistent à analyser les informations, à utiliser et à appliquer une pensée créative afin de trouver des solutions aux problèmes liés au travail ;
- L’apprentissage actif et les stratégies d’apprentissage, qui nécessitent une compréhension des répercussions liées aux nouvelles informations sur la résolution de problèmes et la prise de décisions, ainsi que la sélection de méthodes de formation adéquates ;
- La créativité, l’originalité et l’initiative, qui impliquent que les individus soient prêts à assumer des responsabilités et à relever des défis, qu’ils soient capables d’élaborer des façons intelligentes de résoudre les problèmes. Il s’agit également, pour les travailleurs, de prendre leurs propres décisions et de tester leurs propres idées.
- La conception technologique et la programmation, qui exigent l’élaboration de programmes informatiques et l’adaptation de l’équipement et de la technologie aux besoins des utilisateurs ;
- La pensée critique et l’analyse, qui nécessitent l’utilisation de la logique et du raisonnement afin d’identifier les forces et les faiblesses des différentes approches à la résolution des problèmes, puis l’évaluation de l’efficacité des solutions ;
- La résolution de problèmes complexes, qui consiste à élaborer, à évaluer des options et à mettre en œuvre des solutions ;
- Le leadership et l’influence sociale, qui exigent la capacité de présenter des opinions et une orientation, ainsi que de faire preuve d’influence sur les autres ;
- L’intelligence émotionnelle, qui implique la coopération, le souci des autres et la compréhension des raisons qui motivent les autres à avoir telle ou telle réaction ;
- Le raisonnement, la résolution de problèmes et l’idéation, qui consistent à générer des idées et à manipuler l’information afin de résoudre des problèmes en utilisant des compétences numériques.
L’analyse et l’évaluation des systèmes, pour lesquelles il faut tenir compte des coûts et des avantages des actions possibles et le choix d’une solution pouvant générer les meilleurs résultats possibles.
Développer la pensée analytique et l’innovation
Dans tous les secteurs, les entreprises s’appuient sur les données pour prendre des décisions au quotidien et générer de la valeur. Favoriser une culture analytique basée sur les données implique de prendre en considération la gestion des spécialistes des données d’une part, mais également la formation et les outils nécessaires dans toutes les fonctions de l’entreprise d’autre part. Adapter les processus de recrutement dans ce sens permettra aux entreprises d’attirer de nouveaux talents.. La pensée analytique n’est pas une compétence nouvelle, mais elle n’est pas nécessairement utilisée de manière intuitive dans toutes les entreprises. Lorsqu’elles sont mises en œuvre, la pensée analytique et l’innovation permettent de :
- Reconnaître des problèmes sous-jacents
- Organiser des informations liées à ces problèmes
- Intégrer tous les éléments
- En tirer ses propres conclusions
En termes simples, la pensée analytique consiste à décomposer rapidement les choses en plusieurs parties et à appliquer un jugement instinctif par rapport aux décisions à prendre. La pensée analytique regroupe elle-même un ensemble de 8 compétences :
- La réflexion conceptuelle qui permet de se projeter à long terme et d’envisager avec précision les résultats possibles ;
- L’évaluation de ce qui est dit, en toute objectivité, et l’écoute des opinions exprimées, sans mettre ses propres sentiments ou opinions en avant ;
- La prise de décision intuitive sans nécessairement passer par l’étude d’une situation ou une série d’observations logiques ;
- L’identification des problèmes potentiels, c’est-à-dire des éléments qui peuvent interférer dans le bon déroulement des choses à terme ;
- La résolution théorique des problèmes, c’est-à-dire l’identification de ces derniers et la formulation des étapes nécessaires pour les corriger ;
- La résolution de problèmes, c’est-à-dire l’aptitude à mettre en commun les capacités et les talents permettant d’évaluer les différents aspects d’un problème, du début à la fin, de l’identification à la résolution de celui-ci ;
- L’utilisation du bon sens, en utilisant des connaissances informelles qui n’ont pas été évaluées et intégrées dans le processus de prise de décision.
Pensée analytique : comment est-elle évaluée par les entreprises ? Comment sont détectés les talents de demain?
Pour déceler cette qualité lors du recrutement, bien souvent les responsables des ressources humaines demandent aux candidats, sans se limiter aux analystes ou aux spécialistes des données, de passer un test basé sur l’exploitation des données. Ces tests sont l’occasion d’observer si les candidats non spécialistes sont capables de formuler des questions pour interroger leurs données, s’ils sont en mesure d’y trouver des réponses et s’ils pensent à formuler d’autres questions pour approfondir les premières découvertes.
La curiosité est un autre trait indispensable en matière d’autonomie et de culture analytique qui, lui aussi, est évalué. Une personne chargée des ressources humaines peut, par exemple, facilement évaluer la curiosité d’un candidat en lui demandant d’expliquer le fonctionnement des toilettes. Cet exemple peut sembler saugrenu… il est pourtant révélateur. Nous passons beaucoup de temps aux toilettes, mais combien d’entre nous se sont déjà interrogés sur leur fonctionnement ? Cette question aurait l’avantage de mettre tous les candidats sur un pied d’égalité et de leur permettre de sortir de leur carapace...
La plupart des candidats préparent des réponses toutes faites en vue d’un entretien. En revanche, aucun ne pense à en préparer une sur le fonctionnement des toilettes!
Aujourd’hui, la curiosité et la personnalité des candidats sont deux caractéristiques importantes pour tout recrutement et pour la culture d’une entreprise.
À consulter : un cours en langue anglaise intitulé « Analytical Thinking Techniques » (abordable à partir d’un niveau de langue C1).
Le développement des soft skills avant d’entrer dans la vie active
Avec les nouvelles formes d’organisation du travail, les entreprises ouvrent le champ des possibles en matière de profils recrutés. Elles revoient leurs critères de sélection, et privilégient les soft skills et le potentiel des candidats.
Certaines compétences se développent au quotidien, avant même d’entrer dans la vie active, pendant les années d’études supérieures, dans les salles de cours comme dans la vie privée. Nous vous proposons de faire le point des différentes soft skills que vous pouvez d’ores et déjà développer, afin de les mettre en avant le moment opportun.
Développement personnel, créativité en affaires et collaboration digitale, voici les fondements pédagogiques développés par les écoles de commerce pour former leurs talents. Distanciel, présentiel, collaboratif, processus créatif, design thinking, études de cas fictifs, challenge, business game, études de cas réels sont autant de clés pour intégrer l’entreprise d’aujourd’hui et de demain.
Les enseignements en école de commerce reconnus comme contribuant au développement des compétences des talents de demain
Il faut savoir chercher des informations, savoir négocier, organiser son temps, coordonner un travail et anticiper au mieux les défis à venir. Un employé, à fortiori un étudiant, futur candidat doit être capable de négocier etc. Un apprentissage à forte valeur ajoutée qui permet de prendre conscience de la richesse des personnalités des étudiants.
Au sein des écoles de commerce, les cours ne constituent pas uniquement une transmission de savoir. Ils sont des leviers pédagogiques qui interviennent sur plusieurs plans : professionnalisation des acquis, apprentissage théorique, communication interpersonnelle et intelligence émotionnelle. Autant d’occasions de développer ses soft skills tout en forgeant ses hard skills.
Les enseignements reposent sur plusieurs éléments:
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Le travail en équipe
Dans l’enseignement supérieur, un cours est tout sauf linéaire. Certains enseignants pratiquent la pédagogie inversée, d’autres privilégient l’échange, la recherche plus académique ou les présentations avec feedback des pairs. Dans tous les cas, le travail en équipe est en une composante importante.Il est un exercice profond dans lequel l’apport personnel n’est pas immédiatement perceptible. Les soft skills infusent lentement dans la somme des interactions du groupe. Des situations soigneusement orchestrées et accompagnées par l’équipe pédagogique afin de transformer un travail en équipe en générateur de soft skills.
Les étudiants travaillent ensemble sur des problématiques et des mises en situation réelles, qui développent naturellement les hard skills, sans pour autant se cantonner à ces compétences.
L’intégration avec les étudiants internationaux
Pour les étudiants d’IMT-BS, une partie de la deuxième année se déroule à l’international. En retour, le campus français accueille bon nombre d’étudiants internationaux pour un ou plusieurs semestres. Ces derniers sont intégrés au sein des promotions avec les étudiants locaux, et les cours – qu’ils soient en français ou en anglais – sont suivis par un auditoire aux référents culturels et aux parcours très différents.
Cette mixité implique de développer d’importantes capacités d’écoute, de compréhension, d’analyse et d’accompagnement.
La transversalité
Certaines écoles vont bien au-delà du simple enseignement au management. Il existe des programmes complémentaires au traditionnel cursus Master, qui apportent une plus-value différenciante dans la pratique pédagogique.
Écoles de design, d’informatique, d’ingénieurs, de tourisme et autres management international contiennent autant de programmes qu’il est de plus en plus courant de retrouver au sein des campus français des écoles de commerce. Une transversalité des savoirs qui préfigure celle qui existe au sein des entreprises.Les étudiants managers sont ainsi amenés à travailler avec des futurs ingénieurs ou designers.Ces rencontres décloisonnent les savoirs et les compétences personnelles. Une façon de se confronter à des univers nouveaux pour mieux les appréhender.
Cette transversalité favorise l’humilité, la curiosité et l’envie d’innover. Elle favorise le développement des soft skills des étudiants. Résultat : les futurs managers sont plus en phase avec les réalités opérationnelles du monde professionnel.
L’apprentissage actif et les stratégies d’apprentissage
L’apprentissage actif met l’accent sur la façon dont on apprend, pas seulement sur le contenu. Les apprenants, sont encouragés à réfléchir plutôt que de recevoir passivement des informations de la part des enseignants. Ils construisent leur propre compréhension.
À terme, les individus sont davantage en mesure d’analyser, d’évaluer et de synthétiser leurs propres idées. L’apprentissage actif développe l’autonomie des individus, leur capacité à apprendre, leur implication.
Intelligence émotionnelle, sens de l’empathie, de l’écoute, capacité à travailler en mode collaboratif: mettre ces compétences au service de l’innovation technologique sera, dans l’avenir, une valeur ajoutée manifeste aux yeux des entreprises.
Au sein d’IMT-BS les enseignements incluent dans chaque parcours, l’apprentissage des soft-skills :
- Cours de leadership et de développement personnel;
- Accompagnement individualisé tout au long de la scolarité à travers des séances de coaching et de tutorat grâce au career center;
- Pédagogie en mode projet qui intègre un processus créatif inspiré du monde du design et qui fait appel à l’intuition et à l’imagination de l’étudiant (challenge projet d'entreprendre, semaine de l'apprentissage international, semaine de l'innovation et de la créativité )
La créativité, l’originalité et l’initiative
La créativité ,difficile à acquérir, est une compétence recherchée.
Développer les compétences liées à la créativité, l’originalité et l’initiative requiert un effort particulier. Cela peut commencer, par exemple, en faisant appel à sa propre curiosité en recherchant des informations qui vont au-delà du domaine qui vous intéresse. En lisant de des livres sur la question, en cherchant à accomplir de nouvelles expériences, en rencontrant de nouvelles personnes, en sortant de sa zone de confort!
La pensée critique et l’analyse
La pensée critique et l’analyse se développent en utilisant la logique et le raisonnement afin d’identifier les forces et les faiblesses des différentes solutions de recours, des conclusions ou des approches aux différents problèmes. L’évolution rapide des technologies rend les processus et les stratégies plus complexes: pour y faire face, les entreprises ont besoin d’individus faisant preuve d’esprit critique.
Le fait de se confronter à des problèmes en tentant de les résoudre permet de développer sa pensée critique et ses capacités d’analyse. Pour aller plus loin, nous vous conseillons une série de vidéos intitulées “Développer sa pensée critique”, dans lesquelles Guy Haarscher, Professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles, développe le sujet.
La résolution de problèmes complexes
La résolution de problèmes complexes est l’une des compétences les plus attendues chez les managers de demain. Pour plus d’informations sur ce sujet, nous vous invitons à visionner une vidéo intitulée « Savoir résoudre des problèmes complexes : cela s’apprend ! ». Cliquez ici.
L’intelligence émotionnelle
Autre compétences clé que les talents de demain doivent posséder : l’intelligence émotionnelle (IE). Elle fait appel à la capacité d’identifier et de gérer ses propres émotions, mais également les émotions des autres. De nombreuses études réalisées sur le sujet confirment que la majeure partie des employés les plus performants sur le lieu de travail possèdent un niveau d’intelligence émotionnelle élevé. À l’inverse, les individus les moins performants possèdent un niveau d’intelligence émotionnelle faible.
Pour développer votre intelligence émotionnelle :
- Gérez vos émotions négatives, en pratiquant, par exemple, la pleine conscience au quotidien ;
- Restez conscient du vocabulaire que vous utilisez ;
- Faites preuve d’empathie ;
- Soyez conscient de vos sources de stress ;
- Entraînez-vous à rebondir sur l’adversité
Exercices pratiques pour maîtriser l’intelligence émotionnelle
Pour aller plus loin:
Futurs Talents, un blog animé par un ancien étudiant de Dauphine. Une véritable mine d’or !